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Tombe la neige

Le soleil brille, le ciel est bleu, la neige recouvre tout, l’herbe, les arbres et les chemins. Quelle est jolie cette nature où les bruits sont assourdis. Seul le chant des oiseaux brise le calme et le silence. Ce petit coin de nature reste inviolé pour l’instant, aucune trace de pas à l’horizon, je suis seule dans ce parc pourtant situé au milieu de la ville. De temps en temps un paquet de neige tombe d’une branche avec un bruit mat et sourd.

 

Mais je suis fatiguée, je marche depuis si longtemps. Des heures, des jours, peut-être des mois ou même des années.

 

Je cherche ma maison, je ne trouve plus mon chemin. Je suis peut-être déjà passée par là, ai-je tourné à droite ou bien à gauche ? Je ne m’en souviens plus.

Je ne trouve plus  mes amis ni  ma famille. J’avais des parents, des enfants, où sont-ils ? Mes amis étaient nombreux, ils ont soudain disparu comme si toute cette neige les avait engloutis sans faire de bruit. Je suis seule, si seule.

Je marche désormais sans but. Ce n’ai pas la peine que j’essaie de me repérer, la neige qui recommence à tomber efface toutes les traces. Ce monde est désert et je suis si fatiguée.

En face de moi, une grille. Je la pousse sans un bruit. Me voilà dans un cimetière. Toutes ces pierres tombales blotties sous les arbres semblent se tenir chaud. En lisant les noms gravés dans le granit, je me rends compte que je connais toutes les personnes enterrées dans cet endroit. Pourquoi sont-ils tous morts ? Certains étaient plus jeunes que moi, il est vrai que je hante ces lieux depuis tellement longtemps. Un bruit de chaînes me fait sursauter. Ce n’est que moi qui laisse traîner ces liens qui me retiennent encore en ce monde.

J’aimais être tranquille, et on me dérangeait sans cesse. J’offrais du café aux importuns et ils partaient pour d’autres cieux. Quand j’étais petite on me disait :

-       Clothilde, tu es « une  vraie poison » !

Je l’ai pris au pied de la lettre, mais j’ai sûrement tué trop de monde, je dois expier mes fautes sur cette terre pour l’éternité.

 

 

Pourquoi aucune tombe là n’ai-je ?